Une présence clunisienne discrète
Construite vraisemblablement au Xe s., l’église de Montcherand est située sur un promontoire dominant la rivière Orbe, sur les pentes orientales du Jura. Elle est placée sous la dépendance du proche prieuré de Baulmes, à huit kilomètres de distance, qui est lui-même confié à l’abbaye de Payerne au XIe s. Montcherand entre de cette manière-ci dans la constellation des sites composant l’Ecclesia cluniacensis (« l’Eglise clunisienne »). A la fin du siècle, un incendie détruit l’église, qui est alors reconstruite. L’église de Montcherand constitue une étape des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, mais le village ne se développe guère, puisqu’il ne compte, au XVe s., que six feux, soit une cinquantaine d’âmes. Presque ignoré au début du XXe s., Montcherand acquiert néanmoins dans l’histoire de l’art de la Suisse une place primordiale lorsque, en 1902, des fresques sont découvertes dans l’abside de l’église. 
Des fresques exceptionnelles
Les fresques de l’église de Montcherand ont vraisemblablement été exécutées lors de sa reconstruction, à la fin du XIe s. Elles couvrent l’abside, en cul-de-four, et comportent deux registres. L’inférieur représente les douze apôtres entourant un personnage central aujourd’hui disparu, mais que l’on pense être le Christ. Le registre supérieur a été très abîmé. Il subsiste un fragment d’un Christ en gloire dans sa mandorle, entouré de l’un des quatre animaux symboles des évangélistes : le taureau, saint Luc. Les trois autres ont disparu. Cet ensemble est complété, en bordure, par des éléments de décor et une inscription latine. Il fut badigeonné lors de la Réforme et abîmé par le percement d’une fenêtre, au centre de l’abside. La dernière restauration de ces fresques, qui date de 1992, les met particulièrement en valeur et nous incite aujourd’hui à porter sur l’art roman un regard tout autre, voire complémentaire de celui que l’on peut avoir traditionnellement !...
Actualité : Montcherand rejoint les Bannières brodées pour Gigny, Baume, Cluny…
« Des hommes et des femmes qui, au fil des années, ont transmis, témoigné leur Foi en Dieu en nous laissant en héritage ce qui est, aujourd’hui : ces murs millénaires qui nous entourent et devant vos yeux, cette bannière, signe visible d’une longue chaîne de transmission, d’une tradition de plus de 1000 ans ». C’est par ces paroles que M. Joël Guy, pasteur, ouvrit le culte précédant le dévoilement de la bannière brodée de Montcherand, le dimanche 8 septembre 2019.
Dans l’église Saint-Etienne de Montcherand, une foule nombreuse composée de paroissiens, et de visiteurs venant des sites clunisiens suisses et français, a pu admirer la quatrième bannière suisse, chef-d’œuvre des 23 brodeuses de la région et de France voisine, ainsi que 7 couturières de la région chargées du montage. En plus de raconter une « histoire », la bannière représente chaque site suisse par un « carré brodé », ainsi que les principaux sites clunisiens de France, les autres évoquant la vie au village et les éléments marquants de l’église Saint-Etienne.
A l’issue de la cérémonie, un apéritif a été offert par la Commune de Montcherand, suivi du vernissage de l’exposition présentant la plupart des bannières brodées des sites clunisiens de France et de Suisse, au château de Montcherand. Les invités ont ensuite été conviés à la cantine de Montcherand pour déguster un repas médiéval, puis à un concert public, donné à l’église par l’ensemble vocal Laostic de Bourgogne.
Une magnifique aventure transfrontalière, unissant des techniques ancestrales et modernes. Pour la raconter, un livre a été édité par l’association pour l’église de Montcherand, intitulé « La bannière brodée de l’église Saint -Etienne de Montcherand » (en vente au prix de CHF/Euros 10.00, s’adresser à Jean François Tosetti : « jftosetti@bluewin.ch ») ».