Le don de Mathilde de Canossa
L’abbaye est donnée à Cluny en 1077 par le pape Grégoire VII et par la comtesse Mathilde de Canossa, marquise de Toscane et dernière descendante du fondateur du célèbre monastère, Tedaldo de Canossa (1007).
Ce prestigieux établissement compte à sa tête des abbés venant directement de Cluny ; sa puissance se manifeste dans ses nombreuses possessions temporelles, dans la région vénitienne (Campese, Praglia, Maguzzano), mais aussi en Emilie et en Toscane (San Martino in Colle et San Salvatore, à Sesto, près de Lucques). La dépendance de l’établissement italien vis-à-vis de Cluny est réaffirmée en 1209 par le pape Innocent III qui, en contrepartie, octroie aux moines italiens d’élire librement leur abbé. Après cette date, on ne possède plus aucun témoignage d’influence clunisienne sur la puissante abbaye. A partir de 1420, San Benedetto sort du giron clunisien pour devenir le plus important monastère de la nouvelle congrégation de sainte Justine de Padoue (appelée après 1504 « congrégation du Mont-Cassin ») dans l’Italie du nord, jusqu’à sa suppression par Napoléon, le 9 mars 1797.
L’abbaye aux trois cloîtres
L’ancienne église abbatiale romane de l’époque clunisienne a complètement été réaménagée au XVIe s. par le célèbre architecte Giulio Romano, qui en fit un édifice exemplaire de l’architecture de la Contre-réforme. Seul subsiste de l’époque clunisienne l’oratoire roman de Sainte-Marie, ancienne chapelle mortuaire de la comtesse Mathilde (qui fut en 1633 transférée à Rome dans la basilique Saint-Pierre), au sol composé d’une très célèbre mosaïque datée de 1151 : c’est un exemple fort remarquable de la pénétration de l’influence artistique clunisienne en Lombardie. On peut également noter dans le monastère la présence d’un cloître gothique, dit « de l’infirmerie », qui remonte à l’époque qu’on pourrait qualifier « clunisienne », dans le sens où elle précède l’introduction de la réforme de sainte Justine de Padoue, le 11 janvier 1420.
