La documentation sur les bien religieux clunisiens à Ghemme montre notamment la propriété, en 1556, d’une église Saint-Pierre, dont la construction est initiée par le prieuré clunisien de Castelletto Cervo pour le service religieux des travailleurs et l’administration de l’ensemble des possessions clunisiennes de la ville. Cette documentation fait aussi grande référence aux vignobles, qui constituent près de la moitié des biens. Une étude de la toponymie de la ville montre aussi l’importance des influences clunisiennes. Val Maio ou Valle Maiolo sont des références directes à saint Mayeul, le quatrième abbé de Cluny. De même, le nom latin de Charolles, Carella, où Mayeul transite juste avant sa mort, est donné à une colline entourant la vallée san Maiolo. Il existe aussi, à la fin du moyen-âge, une petite chapelle sur la route principale menant hors de la ville, dans laquelle les habitants s’arrêtent pour une prière sur le chemin des champs et de la vigne. Ouverte sur le devant, avec un toit à pignon, elle abrite une scène représentant la Crucifixion et des personnages sacrés. A la fin du XVIIe siècle, durant la construction de l’église paroissiale, la communauté de Ghemme souhaite transformer l’antique chapelle en petit oratoire, dédié à saint Fabien. Au début des années 1900 un nouvel autel est construit et la fresque originelle est recouverte par une figure de saint Fabien. Des restaurations modernes ont permis de récupérer les décorations initiales : elles datent très probablement du XVe siècle et sont attribuées au peintre Bartolonus.
Un héritage multiforme
L’église Saint-Pierre, aujourd’hui disparue, a donné son nom à un quartier de la ville où se trouve désormais l’église paroissiale. L’oratoire saint Fabien est constitué d’une voûte en berceau et d’une façade avec deux lucarnes. Les fresques originales représentent la crucifixion du Christ entouré de deux anges recueillant le sang de ses plaies. A droite saint Jean et saint Fabien en chasuble rouge, symbole du martyre et le pallium, symbole de dignité. A gauche, la Madone et saint Christophe avec l’enfant Jésus à l’arrière tenant une cartouche où figure l’inscription « Ego sum lux mundi. Via veritas et vita ». La fresque moderne de saint Fabien a été déplacée sur un mur latéral.