Le premier document mentionnant Capo di Ponte remonte au 18 janvier 1087 ; le clerc Oddone de Saus de Gussago s’engage à mettre à disposition du prieuré clunisien de Pontida des terrains situés à Capo di Ponte. Quelques années plus tard, une bulle du pape Urbain II nous indique, en 1095, l’existence d’un «monasterium sancti salvatoris de valle camonica» («monastère Saint-Sauveur dans la vallée Camonica»), qui dépend alors du prieuré clunisien de San Paolo d’Argon. C’est à cette époque que l’on estime que l’église prieurale a été bâtie. Une petite communauté monastique clunisienne y est ainsi présente, au cours des XIIIe et XVe s. C’est durant le XVIe s. que le monastère passe sous la commende de la cathédrale de Brescia et, par la suite, devient le bien de l’archidiaconat du Dôme de Brescia. Le 4 octobre 1797, il devient la propriété de la République jacobine de Brescia avant d’être rachetée par Andrea Coderdan l’année suivante. La famille Rizzi l’acquiert en 1879/80 et la Fondation Camunitas, l’actuel propriétaire, en 2002. Capo di Ponte a été clunisienne durant près de quatre siècles.
Bijou roman dans un écrin naturel
Le site monastique de Capo di Ponte est occupé par des communautés religieuses depuis l’époque de Charlemagne. Elles assainissent les plaines alluvionnaires, autour de la rivière Oglio et du lac d’Iseo, valorisent les terres, aménagent territoire et favorisent le développement des activités économiques. Le monastère San Salvatore n’est pas construit en creux de vallée, mais contre la montagne, un peu à l’écart des voies de passage et magnifiquement intégré à la nature. Le principal témoin qui nous est parvenu est sa petite église prieurale, datant vraisemblablement du début du XIIe s. et certainement construite sur un ancien lieu de culte. Coiffé d’une remarquable tour-lanterne de forme octogonale - à la croisée du transept -, cet édifice comporte une nef et deux bas-côtés, chacun terminé par une abside semi-circulaire. La nef est séparée des bas-côtés par des piliers massifs, monolithes, ornés de chapiteaux richement sculptés : des sirènes, des rapaces et des animaux imaginaires, qui reflètent la richesse inventive des sculpteurs de l’époque.