En 973, lorsque le comte de Chalon Lambert fonde le monastère de Paray-le-Monial, il le dote d’un ensemble de biens, situés à une trentaine de km au nord, à l’emplacement d’un ancien castrum contrôlant un gué stratégique de la rivière Arroux : l’église Saint-Martin avec ses dépendances en Charolais. De l’autre côté de l’Arroux, un autre bourg lui fait face, lui, en Bourgogne. Cette obedentia est directement administrée par un doyen, sous la responsabilité du prieur de Paray : des moulins y sont construits et les rapports avec les habitants sont ceux qu’entretient un seigneur laïc avec ses gens. Les moines exercent dans ce fief de véritables droits féodaux. Dès la fin XIe-début XIIe s., l’église Saint-Jean-Baptiste est érigée à la place de l’ancienne église. Au XIIIe s., elle est englobée dans le château fortifié de «Tolon». A la fin du XVIe s. apparaît dans les textes la mention d’une franchise tacite des habitants. Malgré son développement économique dû à une navigation intense, à l’implantation de foires (XIIIe s.) et à l’édification de halles, le bourg peuplé d’artisans restera jusqu’à la Révolution, un fief clunisien typique.
Cluny au cœur du bourg
Du château seigneurial des Clunisiens ne restent que des éléments fragmentaires inclus dans les bâtiments actuels. Le plan du bourg fortifié se lit néanmoins encore dans le tracé des rues et la forme en noyau du quartier, englobant l’église romane Saint-Jean-Baptiste. Bâtie selon un plan très simple (une nef étroite flanquée de deux collatéraux), elle présente une tour clocher caractéristique construite au-dessus du chœur, vraisemblablement au XIVe s.
Sa grande originalité est son élévation à trois niveaux : au-dessus des arcades séparant la nef des collatéraux, un triforium aveugle soulignant de hautes fenêtres. L’intérieur est un bel exemple de roman primitif au décor sculpté original : une trentaine de chapiteaux aux motifs végétaux et animaux, quand ils ne sont pas sans décor.