Dans un bois nommé Anglars est érigée, au VIe siècle, une basilique à l’endroit où le martyr chrétien Maurin fut enseveli. Progressivement, un monastère se structure sur ce lieu, grandit et est affilié à l’Ecclesia Cluniacensis (« Eglise clunisienne ») en 1082. L’église abbatiale est consacrée en l’an 1097, comme l’atteste une exceptionnelle inscription lapidaire sur le croisillon sud de l’édifice, dans la chapelle Saint-Benoît, surmontée du clocher. Des personnalités avisées prennent la tête de cet établissement monastique et lui permettent d’acquérir une puissance importante au cours des XIIe et XIIIe s. Ce rayonnement explique sans doute son saccage durant la guerre de Cent ans et les guerres de Religion. Saint-Maurin subit la réforme de la congrégation de Saint-Maur et traverse l’époque moderne en fonction d’un certain idéal monastique, qui se traduit par un long chantier de restauration des bâtiments. Mais la Révolution met un terme à cette très longue histoire : l’abbé et ses quatre moines sont arrêtés. Les bâtiments sont vendus, certains achetés par la commune, les autres vendus pour les pierres.
Un site marqué par le Moyen Âge
Les spécialistes ont coutume de considérer l’abbaye de Saint-Maurin comme une exception de la période médiévale : en effet, sans avoir subi de reconstruction brutale, elle est encore présente, pour l’essentiel, sur toute l’emprise de son enceinte primitive, au cœur du village, qui s’est formé autour d’elle.
Bien que l’église ait été en grande partie détruite, de la période du XIIe s., on peut aujourd’hui admirer le chœur, décoré de six magnifiques chapiteaux, dont deux relatent la décapitation de saint Maurin, la tour du clocher, au-dessus de la chapelle Saint-Benoît (laquelle abrite la maquette de l’abbaye), ainsi que la chapelle nord, orientée en absidiole, récemment restaurée.
On peut également découvrir tout à côté le château abbatial, les vestiges de la chapelle privée de l’abbé, une aile avec une partie du cloître, le dernier bâtiment de l’aile (XVIe s.) et sa tour tronquée ainsi que les jardins, la cour, le vivier...