Nous savons que le prieuré de Mantol dépend de Cluny au XIe s. et qu’il abrite six ou sept moines. Selon toute vraisemblance, ils défrichent et assainissent les environs et entreprennent, plus tard, la culture du vers à soie. Le nombre impressionnant de souches de mûrier autour du prieuré en témoigne. En 1079, Guy VII, comte de la Place d’Albon, donne à Manthes la chapelle de Moras et l’église de Saint-Priest aux Combes. Le prieuré est prospère : il s’acquitte au XIVe s. de cent vingt livres d’impôts, alors que Moras n’en paie que seize ! Durant les guerres de Religion, le clocher de l’église est incendié le 23 octobre 1568 ; la communauté se disperse, mais le prieuré reste habité par des valets et chambrières. En 1636, un procès-verbal de visite mentionne que le moine Estienne Mounin y loge et que le bâtiment est en bon état. Dès le XVIe s., l’histoire du prieuré est liée à celle de familles nobles locales et, de 1766 à la Révolution, il devient la propriété de la famille de Murat.
Un bel ensemble patrimonial
Aujourd’hui subsiste un ensemble de grande ampleur formé de deux bâtiments en L, le cloître et les bâtiments conventuels ayant disparu. Au sud-est de l’église, le « prieuré » correspond à la maison forte du prieur, probablement des XIe et XIIe s., construite en pisé et en galets. Ce bâtiment est flanqué de deux tours rondes et la façade principale est ajourée de fenêtres à meneaux.
Le prieuré conserve de beaux éléments de la Renaissance. On accède à l’intérieur par une porte surmontée d’un arc en accolade, qui date de la fin du XVe s.
Un escalier à vis mène à la chambre du prieur : ici, des traces de peinture sur les poutres et sur le haut des murs sont les témoins d’un riche décor aujourd’hui disparu. Dans les autres salles, on peut admirer des plafonds à la française aux décors très divers. Quant à l’église romane, elle est constituée d’une nef à cinq travées avec des collatéraux, menant à une abside centrale éclairée par un vitrail du XVIe s. A la croisée du transept, le clocher roman, sur un plan carré, est percé de fenêtres géminées et est décoré de bandes lombardes. Une frise de modillons cerne le toit du chevet, qui mérite un petit détour par le cimetière.
Au XIXe s., le prieuré revient à la famille de Villeneuve puis à différentes familles du village. Il est légué à l’évêché en 1967.