Retour à la carte

Eglise Ste-Marie-Madeleine de Neuilly-en-Donjon

Neuilly-en-Donjon (FR)

Prieuré de la Sainte-Trinité de Marcigny

Marie-Madeleine

Fondé en 1100 , dissout en 1790

fesc_logo Created with Sketch. Clunisien de 1100 jusqu'en 1790

Ouvert à la visite : oui

L'église est ouverte tous les jours. Pour préparer votre visite, rapprochez-vous de l'association Sainte-Marie-Madeleine.

Pour une découverte plus large de la région, l'office de tourisme Marcigny-Semur est à votre disposition.

Un édifice roman-bourguignon simple et charmant

Histoire
L'église romane de Neuilly-en-Donjon fut construite au cours de la première moitié du XIIe siècle sur une motte artificielle au centre du village. C'est un édifice simple, composé d'une abside en cul-de-four, classique des églises romanes bourguignonnes, d'un chœur couvert d'un berceau, et d'une nef unique rectangulaire. Elle est composée d'une toiture à deux pentes, en tuiles canal, surmontée d'une cloche en bâtière.

l'église Sainte-Marie-Madeleine de Neuilly-en-Donjon

Dès sa fondation, elle dépend du prieuré clunisien de Marcigny, de l'archiprêtré de Pierrefitte-sur-Loire et du diocèse d'Autun. On ne trouve pas mention du lieu dans la liste fragmentaire du XIe siècle des possessions du diocèse, le « cartulaire rouge » : l’établissement de l'église est donc postérieur. On trouve mentionné, dans un pouillé de 1312, une église de Nuilliacus située dans l'archiprêtré de Pierrefitte et sous le patronage du couvent des clunisiennes de Marcigny.

Patrimoine
Le portail à l'ouest de l'église (1140) est classé aux Monuments Historiques depuis 1912. Digne des églises romanes du Brionnais voisin et sous l'influence de l'abbaye de Cluny, il est l'un des mieux conservés de la région. Il est sculpté dans un calcaire jaune à entroques provenant certainement de Baugy ou d'Anzy-le-Duc. C'est à "l'Atelier du Donjon" qu'il est attribué, dont le maître et les disciples oeuvrent sur la rive gauche de la Loire. Le portail situé sur la partie sud du prieuré d'Anzy-le-Duc semble être une copie de celui de Neuilly-en-Donjon, dans le choix des épisodes figurés.

Le portail de l'église
Au tympan est représentée la Vierge MARIE en majesté, tenant sur ses genoux l'Enfant Jésus. Assis sur un trône et nimbés de l'arc-en-ciel, ils reçoivent les offrandes des Rois Mages. Derrière le trône se trouve un homme ailé, probablement l'évangéliste saint Matthieu. Ces personnes sont positionnées sur deux animaux ailés : le lion, à gauche, symbolise saint Marc l'évangéliste et le taureau, à droite, l'évangéliste saint Luc. Le reste du tympan présente quatre anges, sonnant du shofar (instrument liturgique du peuple hébreu en corne de bélier), annonçant la "Bonne Nouvelle" au monde entier. Deux sont debout, deux autres dans des emabarcations.

Le portail de l'église

Le linteau et les deux chapiteaux
C'est une scène du premier chapitre de l'ancien testament qu'illustre la partie gauche du linteau : le Péché originel. Adam et Eve se tiennent à côté de "l'arbre de la connaissance du Bien et du Mal". Eve répond aux sollicitations du démon, symbolisé par le serpent, en cueillant le fruit défendu et le propose à Adam. Celui-ci semble s'étouffer ou hésiter la main sur le cou !...

Bien que le chapiteau septentrional qui jouxte cette partie demeure assez mystérieux (tentatives démoniaques ?) car dégradé, à l'évidence, il a un lien symbolique avec la chute du premier couple montré à l'extrême gauche du linteau.

La majeure partie de droite du linteau figure un épisode du nouveau Testament que l'on trouve chez trois des évangélistes mais avec plus de précisions chez saint Luc (ch.7 v.36-50) : « le Repas chez Simon le pharisien lépreux ». Cet épisode est aussi appelé "la pécheresse pardonnée et aimante". Il s'agit du repas au cours duquel Marie-Madeleine, aux pieds de Jésus « en pleurs, se mit à lui arroser les pieds de ses larmes, puis avec ses cheveux elle les essuyait, elle les couvrait de baisers, elle les oignait de parfum » : treize personnages sont à table, les douze disciples et Jésus à l’extrémité gauche. Cela nous est signifié de deux manières : la femme à ses pieds, mais aussi par l’arbre au tronc étrange à ses cotés. Cet arbre est l’arbre de Vie et l’arbre de Jessée (généalogie du Christ) il fait le lien entre l’ancien Testament et le nouveau Testament mais aussi avec les deux événements figurés au linteau. Contrairement aux onze autres convives, le 6ème à partir de la droite nous fait face sans participer aux échanges et il est le seul à ne pas avoir les énormes trous d’oreilles de ses compagnons : cela peut nous permettre de l’identifier comme Judas. Marie Madeleine, patronne de cette église, n’étant pas présente lors du dernier repas du Christ avant sa Passion, le repas ici évoqué ne peut pas être la Cène comme l’avancent souvent certains commentateurs.

Pour clôturer ce descriptif, nous observerons le chapiteau méridional qui illustre un épisode du livre de Daniel à la fin de l’ancien Testament (Daniel 14/31-42). Daniel en exil à Babylone a été condamné à mort car il voulait rester fidèle au Dieu de son peuple. Sentence : la fosse aux lions. Mais étrangement les 7 lions, bien qu’affamés, dédaignent cette nourriture. On voit ici un des lions lui léchant l’épaule et sur l’autre face un ange transportant le prophète Habaquq par les cheveux, depuis Jérusalem, venir sustenter le condamné.

Le visage méditatif de Daniel nous invite à contempler dans ces pierres si remarquablement sculptées, le grand mystère de la Foi et du Pardon que Dieu accordent à toute l’humanité pécheresse.

Daniel et le lion, chapiteau