Un domaine patiemment constitué
A treize km au nord de Cluny, Chazelle est une possession de la famille Guichard au début du Xe s. Le domaine est constitué d’une demeure seigneuriale, d’une église paroissiale, de moulins et de forêts. A la mort de Guichard, vers 1030, le domaine est partagé entre la seigneurie voisine d’Uxelles (ses cousins), Béraud (son gendre) et les seigneurs de Bourbon-Lancy – dont un membre épouse la veuve de Guichard vers 1040. Sentant venir sa fin, Humbert de Bourbon-Lancy donne à Cluny ses biens de Chazelle, vers 1102-1103 – le titulaire de l’église était déjà nommé par l’abbé. L’endroit devient alors rapidement un lieu de pouvoir clunisien : l’abbé Hugues s’y rend à plusieurs reprises. L’église est reconstruite. Vers 1170, Joceran Gros d’Uxelles cède aux moines un énorme alleu situé entre la Grosne, Chazelle, Lys et Bray : c’est à partir de lui que se constitue l’obédience de «Casellarum», mentionné comme doyenné en 1215, à l’occasion d’un conflit opposant l’abbaye à l’évêché de Mâcon. Domaine relativement autonome, Chazelle est un des exemples de l’emprise territoriale de Cluny dans le Clunisois.
Un site roman charmant
Le hameau de Chazelle, au sud du bourg de Cormatin, est situé sur une butte contre laquelle coule la Grosne, venant de Cluny. L’église date vraisemblablement de la fin du XIe s. ou du début du XIIe s. Elle comprend une seule nef – dont le voûtement est plus récent – et une abside. Son très beau clocher est porté par une coupole sur trompes et forme, vu de l’est, un harmonieux ensemble roman avec le chevet. Une chapelle de style gothique a été adjointe à l’église dans sa partie sud, au XVe s. Un logis imposant est contigu à l’édifice au nord : il pourrait s’agir d’une partie des bâtiments de l’ancien doyenné. Le gros œuvre de cette bâtisse est d’époque médiévale et celle-ci conserve de son histoire des traces d’aménagements divers, dont, sur sa face sud, une fenêtre géminée à deux baies rectangulaires séparées par un meneau. On peut attribuer cette ouverture à la deuxième moitié du XIIIe s. Bien qu’il ne soit pas encore entièrement aménagé, cet ensemble de bâtiments présente un cachet historique à découvrir.