L’existence de Carennac, sur les bords de la Dordogne, dans le Haut-Quercy, est attestée dès le Xe s. Vers 1048, Bernard, évêque de Cahors, en donne l’église Saint-Saturnin avec ses dépendances à Cluny. Une communauté monastique importante s’y développe : on parle alors du « prieuré Saint-Pierre ». Cette fin de XIe s. et le XIIe s. le voient s’enrichir de nombreux dons : églises, prieurés, terres... Carennac est d’ailleurs hissé au rang honorifique de « doyenné » en 1295, lorsque Cluny est autorisée à distinguer certains de ses prieurés prestigieux. Les droits seigneuriaux qu’exercent les moines sur leurs possessions, comme sur le bourg même et le port, donnent lieu à des conflits avec les seigneurs locaux. Mais c’est la guerre de Cent Ans qui ruine véritablement le prieuré, situé dans une région charnière : le prieuré ayant subi des dommages et croulant sous les dettes, les habitants veulent fuir cet endroit désolé. Néanmoins, entre le XVe et le XVIe s., l’établissement est considérablement restauré et au cours du XVIIe s., la famille Salignac de la Mothe Fénelon lui en fournit ses doyens successifs. Le conseil du roi supprime le monastère en 1787.
Un prieuré et un bourg d’un grand cachet
La Révolution a été relativement clémente pour Carennac, qui présente aujourd’hui un ensemble prieural d’une grande unité.
L’église Saint-Pierre, de la fin du XIe s., est accessible par un porche élevé au XIIe s. au fronton duquel se trouve un magnifique tympan sculpté : le Christ en majesté, dans une mandorle, entouré des quatre évangélistes et des apôtres.
L’église est enserrée entre le château du doyen et le cloître. Celui-ci conserve de l’époque romane des colonnes et des fragments sculptés à côté de galeries de l’époque gothique flamboyant. Quant au château, il garde l’empreinte de la « première Renaissance » (du début du XVIe s.), avec une pièce au plafond peint du début du XVIIe s. remarquable. Cet ensemble se trouve dans un bourg qui a beaucoup conservé de son histoire. La Dordogne a probablement le même charme et la vue que l’on a du village de l’île de Calypso a sans doute inspiré certaines des descriptions du Télémaque de Fénelon, qui en fut un des prestigieux doyens.