L’ermite saint Mazeran construit une église à Broût, sur le territoire seigneurial de son père, vers 1070. Elle est, par la suite, rattachée au grand prieuré clunisien de Souvigny, à cinquante quatre km de là. Urbain II confirme cette possession clunisienne en 1095. Une petite communauté monastique s’y implante. Au milieu du XIIe s., le seigneur d’Escolles lui accorde un lieu de culte. L’église est agrandie vers 1160 et acquiert une dimension paroissiale. Dans la 1ère moitié du XIVe s., le prieuré connaît une période de prospérité : il compte quatre moines, dont le prieur – la communauté ne dépassera jamais ce chiffre - et Souvigny y envoie même un de ses religieux pour pénitence ! La guerre de Cent ans amorce son déclin et les guerres de Religion conduisent à la suppression de sa communauté : Broût devient alors un bénéfice. Le prieur ne réside plus sur place mais perçoit les revenus du temporel jusqu’à la Révolution. Principal décimateur dans la paroisse, sa seule obligation est le versement de la portion congrue au vicaire perpétuel, le curé de fait, qui accomplit la mission pastorale.
Un bel exemple de roman auvergnat
L’église Saint-Mazeran – témoin principal de la présence du prieuré clunisien - date des XIe-XIIe s. Elle comprend une nef sans transept de cinq travées, terminée par une abside en cul-de-four, et deux bas-côtés, également terminés par une abside. Sa toiture est faite de tuiles canal posées directement sur les voûtes. Elle constitue un bel exemple d’architecture de l’art roman auvergnat. En revanche, la partie supérieure de son clocher et l’avant-corps de la façade sont du XIXe s. Des peintures murales sont encore visibles dans l’abside centrale et sur l’arc triomphal. Saint Mazeran, dont on a conservé la mémoire principalement à Broût, est représenté par une peinture murale (1530-1540), par une statue et sur un vitrail (XIXe s.). En raison de la légende selon laquelle il aurait lui-même dressé les plans de l’église, il est représenté avec les attributs de l’architecte (une équerre et un fil à plomb).
Quant aux deux tableaux accrochés au mur nord de la nef – dont l’un est une copie de la Vierge à l’enfant de Van Dyck -, ils sont des présents de l’impératrice Eugénie.