En 1057, Durand de Henry, futur évêque de Toulouse, donne à l’abbaye clunisienne de Moissac, dont il est moine, le monastère Saint-Timothée de Bredons, situé sur un promontoire dominant Murat, à plus de 230 km de là. Une nouvelle prieurale, placée sous le patronage de saint Pierre, y est consacrée en 1095 par le pape Urbain II. Bien que de taille modeste (il n’abritera jamais plus de six moines), ses prérogatives ecclésiastiques et juridiques s’étendent sur plus de 20 km à la ronde. Mais sa souveraineté judiciaire et financière est partagée dans le cadre d’un pariage avec Alphonse de Poitiers, fils de saint Louis, à partir de 1283 : celui-ci érige le fort de Beccoire sur l’autre sommet dominant de Bredons. L’absence des prieurs commendataires - à partir du XVe s. - et leur sécularisation ensuite, en 1644, face à l’influence grandissante de Murat et de l’évêque de Saint-Flour, entraînent le lent déclin du prieuré, dont l’état des bâtiments est préoccupant à la Révolution.
L’église de Bredons, plus près du ciel
En 1795, les habitants de Murat, victimes d’un grave incendie, sont autorisés à se procurer les matériaux de reconstruction dans le prieuré de Bredons, en ruines. C’est ainsi qu’il disparaît, comme disparut le château de Beccoire en 1408. Bien que son clocher soit rasé et que ses murs soient abaissés de deux mètres, l’église prieurale du XIIe s., fortifiée au cours des XIVe et XVe s., échappe à la destruction.
Son plafond en bois de 1801 et ses ouvertures sud exceptés, elle demeure aujourd’hui romane avec son porche du XIIe s. et des chapiteaux attribués à l’ancienne église Saint-Timothée, du XIe s. Au sommet d’un impressionnant haut promontoire de pierre, son mobilier est également étonnant : une partie des stalles et boiseries d’influence italienne, installées par le prieur Antoine d’Auriol au début du XVIe s., un maître- autel baroque du début du XVIIIe s. et de nombreux retables des XVIe, XVIIe et XVIIIe s., dont un attribué à l’École de Watteau.
D’autres nombreux objets provenant de l’église sont visibles au musée de la Haute-Auvergne et dans le trésor de la cathédrale de Saint-Flour.