Les termes « locus Breia » et « villa Breia » apparaissent assez tôt dans les chartes de l’abbaye de Cluny. Ils désignent en fait une possession du seigneur de Boutavent, dont le château est construit à moins de cinq km de là. C’est au moment où Jocerand de Brancion vend ce château à Cluny, en 1237, que le village de Bray, qui relève de son temporel, passe sous juridiction clunisienne. Par conséquent, l’abbé de Cluny devient seigneur des lieux, rendant la justice et prélevant le produit de la dîme. Il est à noter que deux établissements clunisiens sont érigés sur le territoire de Bray : la chapelle Saint-Jean-du-Bois qui, à la lisière d’une forêt, abritait au XIIe s. un ermitage – les Clunisiens ayant en effet la particularité de pratiquer également l’érémitisme - et le domaine rural de la Malaise, également situé en bordure de forêt, non loin d’un chemin faîtal sans doute très emprunté à l’époque. En raison de sa proximité avec Cluny et de l’isolement relatif permis par sa configuration et ses forêts, Bray a ainsi la particularité d’être bien temporel de l’abbaye et d’abriter un établissement agricole, semblable aux doyennés tous proches, ainsi qu’un ancien ermitage.
Patrimoine, paysage et vin
La chapelle Saint-Jean-du-Bois et le domaine de la Malaise sont aujourd’hui propriétés privées. Néanmoins, la première – dite chapelle « de Coureau » -, entre la forêt de Gousseau et le bois de Chazellet (face à Taizé), et qui est aujourd’hui englobée dans une ferme, présente une architecture extérieure intéressante, probablement du XIIe s., avec une abside en hémicycle voûtée en cul-de-four, précédée d’une travée dont elle est séparée par une arcade en cintre brisé. Le logis s’adossant à elle date au moins de 1625.
Quant au bourg de Bray, de cent vingt deux habitants, situé entre vignes et pâturages, il conserve un patrimoine rural très intéressant : église Saint-Quentin des XIe-XIIe s. (avec travées de chœur et chevet romans) et pas moins de sept lavoirs et fontaines, dont un bel ensemble hydraulique dans le hameau de Toury.
Si on ajoute à cela que Bray est la commune la plus viticole du Clunisois – sans doute un autre héritage des moines -, on peut affirmer alors que le patrimoine immatériel y est également bien présent !