Une riche possession de Sauxillanges
Le site de Bournoncle entre très tôt dans le patrimoine de l’abbaye de Cluny, puisque c’est entre 950 et 994 qu’Aldearde le confie au tout jeune monastère clunisien de Sauxillanges, promis à un développement impressionnant. Cet ensemble de biens fonciers est très étoffé : une église, avec ses revenus, une villa, des manses, des terres... C’est pour Sauxillanges le centre d’une grande exploitation agricole, donc nouvelle source de revenus, à l’image de ce que sont les doyennés pour l’abbaye de Cluny. Le statut de Bournoncle se précise quelque cent quarante ans après sa donation : une bulle du pape Urbain II contient en effet pour la première fois le mot « ecclesia » (« église »), en 1095. Ce glissement sémantique correspond peut-être à la reconstruction de cet édifice, dédié aux Saints-Innocents et à Notre-Dame de l’Assomption. Ce petit bourg, à la tête de 18 manses et 13 dépendances en 1132, connaît une belle prospérité : le prieur de Sauxillanges, qui en vend les droits en 1577, en conserve néanmoins les revenus !
Un ensemble patrimonial original
C’est au cœur du bourg historique que l’on trouve un complexe particulier, qui reflète le rôle joué par le site dans le monde clunisien. L’église était enserrée dans des remparts, avec fossés au nord, à l’est et au sud, formant un rectangle de quarante huit mètres par trente cinq mètres, qui comportait quatre tours d’angle. L’église date des XIIe-XIIIe s. : des chapiteaux romans sont à découvrir dans le chœur et l’abside, et des éléments d’architecture d’ogives témoignent de l’évolution de l’édifice au cours de l’époque gothique. L’édifice a subi d’importants travaux de restauration en 1820, 1880 et 1896 (pour le clocher et les cloches).
Tout contre elle est construit «le prieuré Saint-Pierre», jadis intégré dans les fortifications et dont le portail monumental que l’on voit aujourd’hui a été percé en 1777. Cet ensemble abritait la grange dîmière et l’on peut aisément deviner pourquoi on apporta autant de soin à la protéger ! C’est au cours du XVIIIe s. que ces bâtiments sont réaménagés : la grange est « déplacée » - et agrandie - sur le fossé sud, comblé, et le bâtiment intérieur est aménagé.
