Au cours du Moyen Âge, des communautés de religieuses vivaient en Haute-Loire, dans les abbayes clunisiennes de Blesle et Saint-Julien-des-Chazes. Les vendredi 27 et samedi 28 avril prochains, des manuscrits inédits du XIIIe siècle seront présentés au public : ils attestent de l’apport des bénédictines à la vie de ces territoires et du rôle encore trop méconnu qu’elles ont tenu pendant des siècles. Ces données seront présentées dans ces deux sites par des historiens de renom. Les deux journées, entre Alagnon et Haut-Allier, visent à faire ressortir ces femmes de l’ombre en regardant avec des yeux nouveaux les sources écrites et les pierres des abbayes !
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La plus ancienne mention du site de Blesle a été retrouvée dans une lettre du XIe s. : c’est Ermengarde, mère de Guillaume, futur fondateur de Cluny, qui en est à l’origine, entre 849 et 885. Destinée aux femmes, l’abbaye est dotée dès son origine de nombreuses terres et églises. Son patrimoine foncier s’accroît en outre très rapidement : il englobe en 1185 quinze prieurés, qui se répartissent en Haute-Loire, dans le Cantal, le Puy-de-Dôme, la Lozère et l’Aveyron. Vers le XVe s., les moniales abandonnent la vie commune pour vivre, seules ou avec leurs parents, dans de petites maisons, probablement autour du cloître. L’abbaye présente alors une organisation singulière : toujours soumises à la règle de saint Benoît, les moniales vivent cependant comme des chartreuses ou des chanoinesses de saint Augustin. C’est en 1628 que l’abbaye est agrégée à l’ordre de Cluny, mais les religieuses ne modifient en rien leur mode de vie. L’établissement reste ainsi clunisien durant 161 ans, jusqu’à sa sécularisation, le 16 mai 1789, qui mit fin aux neuf siècles de vie religieuse de cette abbaye de femmes.
Une église originale et un environnement de caractère
Les bâtiments conventuels n’ont pas subi de modifications après l’affiliation de Blesle à Cluny. C’est à la veille de la Révolution que de profonds remaniements, sous l’impulsion de la dernière abbesse, Mme de Saint-Poncy, font disparaître de nombreux éléments du monastère médiéval. Aujourd’hui, l’église abbatiale est l’une des plus originales d’Auvergne pour ses vastes proportions, le plan de son chœur et l’originalité de son architecture. La richesse de son décor sculpté - modillons et chapiteaux, dont certains échappent aux thèmes traditionnels des églises de Basse Auvergne – témoigne de l’importance de cette abbaye, vraisemblablement au carrefour de nombreux échanges artistiques. Des peintures murales au grand intérêt iconographique (saint Christophe, anges musiciens, figures féminines) enrichissent ce patrimoine. L’environnement de cet édifice nécessite également une visite approfondie : maison des moniales, bourg ancien, château des Mercoeur, remparts, etc.