En 890, Bernon, abbé de Gigny, reçoit du roi de Provence la cella de Baume et en fait un monastère réputé pour sa discipline. C’est de là qu’il part fonder Cluny en 910. L’abbaye de Baume prospère : l’église et les bâtiments sont reconstruits, les dons affluent et, au XIIe s., elle est à la tête d’une centaine de dépendances. Riche et puissante, elle conserve son esprit d’indépendance et se révolte à plusieurs reprises lorsque Cluny veut la réduire au rang de prieuré. Un accord est enfin trouvé début XIIIe s. : Baume demeure dans l’ordre clunisien mais conserve la libre élection de son abbé et occupe le troisième rang dans la hiérarchie, après Moissac. A partir du XVe s., l’abbaye tombe en commende et, dès le XVIIe s., la discipline monastique se relâche fortement : les moines, obligatoirement nobles, abandonnent peu à peu la vie communautaire. Baume refuse toute réforme proposée par Cluny et, en 1756, l’abbaye est sécularisée : Baume-les-Moines devient Baume-les-Messieurs. Les moines devenus chanoines partent en 1790, l’abbatiale devient paroissiale et les bâtiments sont vendus.
La conjugaison de l’Histoire et de la Nature
Des fouilles récentes ont mis à jour sous le chœur de nombreuses sépultures, l’abside de l’église du Xe s. et d’autres vestiges plus anciens. L’église, sans doute achevée au XIIe s, garde de l’époque romane sa nef de 9 travées rythmée par des piles rondes, carrées et octogonales. Celles-ci supportent une voûte d’ogives du XVe s. Le chœur gothique, réaménagé au XVIe s. et les collatéraux abritent de véritables œuvres d’art : chapiteaux du XIIe s., retable flamand du maître autel (XVIe s.), sculptures bourguignonnes du XVe s., dalles funéraires et tombeaux. Autour de l’église, originellement précédée d’une avant-nef, l’ensemble conventuel a conservé sa disposition : la première cour, précédée d’un porche, desservait le quartier abbatial (XVIe s.) ; un passage percé au XVIIIe s. conduit vers une cour dont la fontaine évoque le cloître détruit au XIXe s. Un deuxième passage relie le cloitre à la cour des chanoines. L’ampleur de l’église et des bâtiments surprend dans ce lieu isolé. L’alliance unique de la nature et de l’œuvre des bâtisseurs inspirés fait de Baume un site étonnant et séduisant.