Entre Bourbonnais et Forez, à un endroit qui pourrait avoir été la capitale de la tribu des Ambivaretis du temps de Jules César, une abbaye est fondée à Amberta entre les VIIIe et IXe s. Elle est donnée à Cluny dès 938 ; Odilon lui-même aurait été son abbé au XIe s. Elle abrite à cette époque – et jusqu’au XVe s. – une vingtaine de moines environ. Ambierle est réduit au rang de prieuré en 1101. Son prieur Étienne Tachor affranchit les habitants du bourg en 1382. Vers 1441, un incendie détruit une partie du monastère ainsi que l’église du XIe s. : le prieur Antoine de Balzac d’Entragues reconstruit alors l’ensemble dans un gothique magnifique.
A partir du XVIe s., les prieurs, de moins en moins présents, se font remplacer par des sous-prieurs, ou prieurs claustraux. Le couvent reconstruit est de nouveau frappé par un incendie partiel en 1746 ; les réparations sont achevées en 1757. A la veille de la Révolution, la communauté monastique ne compte plus que cinq moines. Elle se dispersera en 1788, après plus de 850 ans d’affiliation clunisienne.
Un éclat clunisien gothique et classique
Établi à 400 m d’altitude, le bourg d’Ambierle est construit concentriquement autour des anciens bâtiments claustraux. L’église prieurale, élevée entre 1141 et 1490, surplombe ce noyau monastique dans un style gothique flamboyant. Coiffé d’une toiture vernissée à la mode bourguignonne, cet édifice simple et dépouillé est d’une grande luminosité intérieure en raison des hautes verrières du choeur (vers 1480).
L’église abrite des magnifiques stalles ainsi qu’un superbe retable flamand de 1466 retraçant les scènes de la Passion.
Les bâtiments conventuels sont de la même époque mais la façade a été reconstruite au XVIIIe s. Ils sont encore pourvus de tours de fortification des XIVe et XVe s. Ils abritent aujourd’hui la mairie et des logements. Au bas de la poste, adossée à un vieux clocher vestige de l’ancienne église paroissiale, la rue mène au musée Alice Taverne, consacré aux traditions du Roannais et du Forez. Du site se déploie un impressionnant panorama englobant la plaine de Roanne jusqu’aux monts du Lyonnais, du nord du Beaujolais aux confins des monts du Morvan.