Après la conquête normande (1066), le prieuré devient la propriété de Roger de Montgomery, comte de Shrewsbury, régent de Normandie et grand bienfaiteur de l’abbaye de Cluny. A l’exemple de Guillaume de Warenne qui, touché par l’accueil que l’abbé Hugues lui réserve à Cluny, fonde en 1077 un prieuré clunisien à Lewes, près de son château, dans le Sussex, Montgomery propose aux moines de La Charité-sur-Loire, « fille aînée de Cluny », d’établir une communauté à Much Wenlock.
Les reliques de sainte Milburge sont miraculeusement redécouvertes en 1101 : les pèlerins y affluent alors et la prospérité débute. L’affiliation à l’abbaye bourguignonne dure ainsi près de quatre siècles.
Là où le temps s’est arrêté
Une fois les moines partis, le prieuré change plusieurs fois de propriétaires : d’un médecin vénitien réputé, il passe de main en main au cours des siècles jusqu’à celles de son propriétaire actuel, Louis de Wet.
Plusieurs personnages importants y vécurent, dont Henry III Plantagenêt et Henry James, par exemple. Les bâtiments conventuels, très largement reconstruits au XVe s., sont aujourd’hui propriété privée. En revanche, les majestueuses ruines de la vaste église prieurale, du XIIIe s., une des plus grandes du pays, sont administrées par English Heritage et se visitent. Elles permettent de découvrir d’imposants vestiges, dont le portail occidental, encore en élévation, ainsi que le collatéral sud, portant une chapelle haute, et une partie du bras sud du transept.
Dans l’ancienne salle capitulaire, encore partiellement en élévation, une suite d’arcs feints entrelacés, d’environ 1140, typiquement anglaise, orne encore de vastes pans de murs.
On y retrouve le goût de Cluny pour les décorations élaborées. A l’emplacement du cloître, le lavabo octogonal, avec des sculptures du XIIe s., dans lequel seize moines pouvaient se laver simultanément.