Cluny, plus de mille ans d’institutions d’accueil et d’hospitalité

1/2 Aux origines de l'accueil des malades à Cluny
L’histoire de la ville et de ses institutions hospitalières est fortement liée à celle de l’abbaye.

Dès la fondation du monastère, une infirmerie et une aumônerie (1), probablement situées dans son enceinte, accueillaient les voyageurs à pied. Chaque semaine, l’aumônier était chargé de laver les pieds à trois pauvres et de donner à chacun un livre, du pain et la pitance. Une fois par semaine, il parcourait également le territoire en s’informant des malades et en leur remettant du pain et du vin. Cette aumônerie sera la toute première institution de soins clunisoise.

Le développement de l’abbaye et son influence dans le monde chrétien attirent une foule nombreuse à Cluny. Au XIe siècle, il devient alors nécessaire d’accueillir les visiteurs étrangers dans une institution extérieure. En 1065, un ensemble immobilier, situé à proximité de l’enceinte abbatiale, est donné à l’abbé Hugues de Semur par un certain Joceran et sa femme Euphanie (2) : voit alors le jour la toute première institution hospitalière, l’hôpital Saint-Marcel « Sancti Marcellii » (qui prendra, au XVe siècle, le nom de Saint-Blaise). Dès son origine, l’hôpital fut doté d’un serviteur pour la nourriture et l’hébergement des personnes qui étaient accueillies pendant une période de trois jours.

Les vestiges de la chapelle Saint-Blaise. © JYG.

Plusieurs autres établissements voient ensuite le jour au cours du Moyen Âge sur chacune des trois paroisses composant la ville, dont les mieux connus sont les hôpitaux Saint-Mayeul et Saint-Jacques. D’autres ont aussi été construits à l’extérieur de la ville, seul l’hôpital Saint-Clair au sud et la léproserie Saint-Lazare au nord nous sont aujourd’hui connus.

Extrait d’un acte de 1338 mentionnant l’hospitalier Jaqueto. Fonds d’archives du Centre Hospitalier du Clunisois. © JYG.

Dirigés par des recteurs nommés parmi les religieux ou les prêtres, ces institutions étaient placées sous l’autorité de l’abbé de Cluny… jusqu’en 1625, date de fondation de l’hospice Notre-Dame (qui deviendra l’hôtel-Dieu) par Julien Griffon. C’est le premier établissement à gestion civile directe de la ville ! Mais quarante ans plus tard, l’abbaye reprend le contrôle de l’institution et les réunions du conseil d’administration seront l’objet de nombreux conflits entre les administrateurs civils et les religieux.

Extrait de l’autorisation de construction de l’hospice Notre-Dame (hôtel-Dieu) du 6 mai 1627 et rattachement de l’hôpital Saint-Jacques. Fonds d’archives du Centre Hospitalier du Clunisois. © JYG.

Jean-Yves Gonod
Président de l'association Julien Griffon 1625 - Cluny
julien.griffon.1625@net-c.com

En savoir plus sur l’association Julien Griffon 1625 :
En 1993, à l’initiative du directeur de l’hôpital local de Cluny, une association est fondée pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine de l’hôtel-Dieu. Depuis, elle a réalisé et poursuit toujours des actions en faveur du remarquable patrimoine hospitalier et historique que possède l’établissement. Cette association est membre de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens. Elle organise des visites guidées de l’hôtel-Dieu sur rendez-vous !

Notes
1 Une aumônerie est un « office affecté à la distribution des aumônes » (= repas) (Dict. Académie Fr.).
2 BnF, Cartulaire de Cluny, charte 3406 (1065) : Charta qua Jozerannus dat monasterio cluniacensi domum suam in villa cluniaco, ad fundandum pauperibus hospitum.

Illustrations
Fig. 1 : Les vestiges de la chapelle Saint-Blaise. © JYG.
Fig. 2 : Extrait d’un acte de 1338 mentionnant l’hospitalier Jaqueto. Fonds d’archives du Centre Hospitalier du Clunisois. © JYG.
Fig. 3 : Extrait de l’autorisation de construction de l’hospice Notre-Dame (hôtel-Dieu) du 6 mai 1627 et rattachement de l’hôpital Saint-Jacques. Fonds d’archives du Centre Hospitalier du Clunisois. © JYG.

Bibliographie indicative
À savoir : la grande majorité des informations recueillies dans cette notice ont été extraites par Jean-Yves Gonod, président de l’association Julien Griffon 1625, du fonds d’archives du Centre Hospitalier du Clunisois.
Voir aussi : PHILIPPON I., Les institutions de Charité en Saône-et-Loire du Xe au XVe siècle, Mémoire de maîtrise en Histoire, 2000.