L’île Saint-Pierre, sur le lac de Bienne, est occupée dès l’âge du bronze.
On y a aussi retrouvé le périmètre sacré de sanctuaires romains ainsi que des traces de bâtiments conventuels en bois datant de l’époque carolingienne. C’est ce site chargé d’histoire - «l’île des Comtes» - que Guillaume III cède à Cluny, avec d’autres biens qu’il possède à Bellmund, avant 1107.
Une église prieurale est alors construite sur l’île ; elle est dédiée aux saints apôtres Pierre et Paul, protecteurs de Cluny. En 1127, Guillaume IV et des compagnons tués à Payerne, sont inhumés dans le prieuré. L’avouerie dont dépend le monastère passe des mains des Zaehringen à celles des comtes de Kibourg puis à celles des Neuchâtel-Nidau. En 1388, Berne, héritière des comtes de Nidau, reçoit la souveraineté sur le lac et le pouvoir temporel sur le prieuré. En 1464-1482, l’avant-dernier prieur, Pierre de Senarclens, fait réaliser les peintures murales de la salle gothique. En 1484 s’arrête l’histoire clunisienne du site : le prieuré est annexé par le chapitre Saint-Vincent de Berne. Les biens ecclésiastiques sont réformés et sécularisés en 1528.
Un site de renommée européenne
Dès 1530, l’île est cédée à l’Hôpital inférieur de Berne, ancêtre du propriétaire actuel, l’Hôpital des Bourgeois. C’est par un séjour que Jean-Jacques Rousseau y fit en 1765 que l’île acquit une renommée européenne à l’époque moderne : on retrouve d’ailleurs les descriptions qu’il en fit, ainsi que du bonheur insulaire en général, dans les Confessions XII, Rêveries d’un promeneur solitaire V. Ce site multiséculaire devient dès lors une étape obligatoire des voyages historiques et littéraires à travers la Suisse : il reçoit les visites de Gœthe, de Joséphine Bonaparte, des rois de Prusse, de Suède et de Bavière...
Classée réserve naturelle, l’île est accessible par bateau ou à pied, au départ de Cerlier, par le joli sentier des landes - une randonnée d’environ une heure.
L’ancien prieuré est aujourd’hui occupé par un restaurant portant le nom de l’île, qui est rattachée à la commune de Twann (« Douanne », en français) conservant le charme médiéval de son histoire.