Au moment de la fondation du prieuré de Corcelles, en 1092, une église existait, propriété d’un personnage important, nommé Humbert, disposant de grands biens. Désireux de sauver son âme et celles d’êtres chers, il fait don à l’abbé de Cluny Hugues de Semur de l’église, de toutes ses dépendances, de l’usage des forêts et terres agricoles, et même d’un droit de levée des filets dans le lac. A cette liste s’ajoutent l’église de Coffrane et ses terres ainsi qu’une liste de serfs. Durant plus de quatre siècles, les prieurs se succèdent à la tête d’un petit état monastique, fonctionnant en tant que maîtres de l’église et administrateurs de leurs biens. Parmi eux, il convient de citer Pierre de Gléresse, qui fit bâtir l’église de Cornaux (début du XIVe s.), ou Rood de Benoît, également abbé de l’Ile de Saint-Jean, qui dut affronter les réformateurs conduits par Guillaume Farel. C’est en 1530 que cesse l’activité du prieuré, géré par les bénédictins de Cluny pendant 438 ans.
Cluny encore lisible
Les bâtiments religieux comprenaient l’église et la maison du prieur, qui, vraisemblablement, se trouvait à l’emplacement de la cure actuelle. Le cimetière entourait ces demeures, qui hébergeaient un prieur et sans doute une dizaine de moines. Outre les services religieux de Corcelles, Coffrane et Cornaux, l’activité agraire, ou artisanale, et les œuvres envers les malades, ignorants ou miséreux constituaient l’activité principale des moines. A l’époque où les Clunisiens quittèrent le prieuré, la nef, le chœur, la chapelle sud et la tour du clocher existaient encore. Les fonts baptismaux, de style roman, ainsi que la pierre encastrée armoriée de la famille de Lavigny, de laquelle sont issus les prieurs Jean ou Pierre de Lavigny, rappellent l’époque clunisienne à Corcelles.