Alors qu’au XIe s., le prieuré clunisien de Marcigny comptait dans ses possessions des terres de Berzé, proches de l’abbaye de Cluny, le domaine d’Iguerande, lui, situé près de la Loire, à proximité de Marcigny et aux confins du Mâconnais, du Lyonnais et du Forez, dépendait directement de Cluny. En 1088, pour une meilleure administration de ces terres, un échange a lieu et Iguerande devient la propriété du grand prieuré de femmes de Marcigny. Par la suite, probablement à la fin du XIe s., l’église Saint-André est édifiée comme lieu de culte de la petite communauté chargée de gérer les biens situés dans la paroisse d’Iguerande. Les bâtiments qui accueillent les moines sont construits plus loin, au bas de la montée du bourg. Le domaine à administrer est constitué essentiellement de donations de la famille de l’abbé Hugues de Semur ; au XIIIe s., des accords sont passés entre Marcigny et Semur pour le partage des droits seigneuriaux de ces terres. Les moines quittent Iguerande à la fin du XVIe s. et, avant 1747, leur église devient alors paroissiale sous le nom de Saint-Marcel.
Une église romane pleine de charme
Quelques vestiges du XVe s., au bas de la montée du bourg, nous rappellent la présence de bâtiments ayant abrité les moines gestionnaires d’Iguerande. L’église massive et trapue des moines, aujourd’hui paroissiale, surplombe la vallée de la Loire. L’édifice, de la fin du XIe s. ou du début du XIIe s., conserve son caractère roman malgré les quelques remaniements qu’il a connus au cours de son histoire. Ses trois nefs mènent à un transept saillant ouvrant sur deux absidioles orientées et une abside en hémicycle. Sur la croisée du transept, le clocher carré et trapu est à deux étages ajourés. L’extérieur de l’église présente peu de sculptures, hormis quelques modillons et chapiteaux du portail ; en revanche, à l’intérieur, un ensemble d’une quarantaine de chapiteaux et de bases sculptées décorés de végétaux, d’animaux et de figures symboliques sont dignes d’intérêt. Une tête de veau, des chats, un cyclope jouant de la flûte de pan invitent à entrer dans l’imaginaire médiéval roman...