Ebbe le Noble, seigneur de Déols, imite en tous points son suzerain, Guillaume d’Aquitaine dit « le Pieux », le 10 décembre 917, en souscrivant, à Bourges, la charte de fondation de l’abbaye de Déols sur le même modèle de celle de Cluny, fondée sept ou huit ans plus tôt. Le nouvel établissement est confié, comme pour Cluny, à Bernon, alors abbé de Baume et de Gigny, dans le Jura, ainsi qu’abbé de Cluny. A sa mort, le 13 janvier 927, Bernon confie Déols et Massay, dont il a la charge depuis 920, à son cher disciple Odon, qui hérite aussi de la charge abbatiale de Cluny. Par la suite, les fonctions d’abbé de Déols et de Cluny seront bien distinctes. Les coutumes clunisiennes sont néanmoins introduites dans les monastères de Massay et Déols et, bien que les réformes de l’abbaye bourguignonne ne soient pas systématiquement appliquées à Déols, des liens étroits la rapprochent de Cluny. Une bulle de Grégoire XIII sécularise l’abbaye de Déols le 17 décembre 1622. Elle peut être considérée comme une « abbaye-sœur » de Cluny.
Un site gigantesque à redécouvrir
L’immense site abbatial a été très altéré au cours de l’histoire. De la grande église, d’une longueur de cent treize mètres, et de ses sept clochers ne subsistent que d’impressionnants témoins : un clocher de l’abbatiale, qui domine la ville, ainsi que des vestiges du narthex (notamment son mur sud, encore orné de belles sculptures romanes). On peut aussi y découvrir des vestiges du collatéral nord de l’église, qui a conservé de beaux chapiteaux, le mur gouttereau sud de la nef, l’espace claustral, d’époque gothique, ainsi que la porte des moines.
Les bâtiments monastiques se rappellent à nous par leurs arcades gothiques et un ensemble de salles voûtées. L’abbaye de Déols conserve également une crypte à sept chapelles rayonnantes. Cet ensemble prend place dans une cité qui conserve de nombreux vestiges médiévaux, comme la porte de l’Horloge du XVe s. et l’église Saint-Étienne (XIIe-XVe s.).