On sait que l’église Saint-Léger d’Arronnes est une possession clunisienne dès la fin du XIe s. : une bulle du pape Urbain II la mentionne en effet comme propriété de l’abbaye de Cluny à cette époque. Le prieuré d’Arronnes est fondé afin d’accueillir les nombreux pèlerins et voyageurs qui se rendent du Bourbonnais au Forez et qui traversent ainsi la vallée du Sichon. Comme souvent dans les sites clunisiens, l’activité du monastère d’Arronnes est à la source du développement d’un village à ses portes. En 1281, les bâtiments monastiques sont décrits en bon état par les visiteurs de l’ordre de Cluny mais, dès 1294, il semble que le grand nombre des hôtes que l’établissement accueille lui fasse supporter de lourdes dettes. Plusieurs années plus tard, en 1318, le prieuré n’a plus les moyens de loger ni de secourir ses visiteurs. Les toits s’effondrent et les murs tombent : les moines n’habitent même plus les lieux... Après ce qui semble être dès lors une inexorable agonie, le monastère disparaît vers la fin du XVe s., aussi discrètement qu’il a été fondé, quatre siècles auparavant.
Un lieu à (re)découvrir dans le cadre d’un circuit...
Aujourd’hui, le clos Saint-Pierre, la maison du prieur (XVe-XVIe s.) et l’église, témoignent de la présence des Clunisiens. La Maison du prieur présente, sur deux niveaux, un intérieur d’un grand intérêt : mobilier, coffres, parchemins et pièces anciennes. L’église, malgré son apparence modeste – elle n’a conservé de son époque d’origine que la nef -, elle livre au visiteur qui prend son temps une variété de détails intéressants. De plan presque carré, son portail est en retrait, sous un arc cintré taillé dans un calcaire très blanc et décoré en damier. Suivant un dispositif fréquent dans le Berry et dans le Poitou, deux arcades aveugles encadrent cette porte. Un clocher carré domine la façade qui présente, trois baies en plein cintre à double rouleaux, dont les deux latérales sont aveugles.
Un cordon chanfreiné contourne les fenêtres des murs gouttereaux des bas-côtés et des modillons à copeaux soutiennent les corniches. Dans le haut du pignon qui s’élève en avant de l’abside, un grand arc en plein cintre, est flanqué de deux arcs plus petits de la hauteur des collatéraux. L’édifice a été conçu avec un transept et un chevet, qui ont été reconstruits par la suite avec des matériaux de récupération.