Le Cluny espagnol
Sahagún entre dans l’histoire clunisienne vers 1080, au plus fort des relations entre l’abbé de Cluny Hugues et le roi de León Alphonse VI. Marcelin et Robert, deux moines de Cluny, y arrivent pour y entreprendre la réforme clunisienne. Alphonse VI s’appuie sur l’abbaye bourguignonne dans sa reconquête de l’Espagne sur les Maures. Il utilise dans cette perspective le chemin de Saint-Jacques comme axe de pénétration majeur dans la péninsule ibérique. Et sur ce chemin se trouve la grande abbaye de Sahagún, fondée au IXe siècle par Alphonse III, roi des Asturies ! L’abbé Hugues y impose la liturgie romaine en lieu et place du rite mozarabe ; Alphonse VI veut faire de ce lieu le « Cluny espagnol ». C’est donc en 1080 que Bernard de Sédirac, moine de l’abbaye clunisienne d’Auch, est nommé abbé de Sahagún. Il devient cinq ans plus tard archevêque de Tolède ! Sahagún n’intègre «l’Ecclesia Cluniacensis» qu’en 1132. Elle restera clunisienne jusqu’en 1496, date de son annexion à l’abbaye de Valladolid. Elle abritera une communauté monastique jusqu’à ce que Joseph Bonaparte la chasse.
Sur le chemin de Saint-Jacques...
Nous est parvenu de cette longue et grande histoire pleine de rebondissements une église abbatiale ayant subi bien des outrages de l’histoire. Son abside romane du XIe s, un transept du XIIe s. ainsi qu’une tour, restaurée au XIXe s. et qui masque l’abside nord de l’ancienne église, en sont les témoignages émouvants. L’arche Saint-Benoît, sous laquelle passe la route est l’ancien portail sud de l’abbatiale. Il est le résultat du magnifique travail de l’ingénieur Saavedra, en 1662, avec une décoration dorique, des armoiries royales, des statues impressionnantes et des inscriptions.
