Guillaume de Warenne, vassal normand de Guillaume le Conquérant, décide de fonder un prieuré clunisien à côté de son château de Lewes, en Angleterre, vers 1077.
Lanzo, son 1er prieur, y construit avec les trois moines qui l’accompagnent une église et les bâtiments conventuels, de 1082 à 1100, avec des pierres venant de l’île de Wight. Les constructions se poursuivent de 1145 jusqu’au XIIIe s. avec des pierres de Caen.
Le prieuré se développe très rapidement : les bâtiments conventuels sont agrandis et une seconde prieurale, plus vaste, est érigée. Par bien des aspects, elle constitue une réplique de la fameuse abbatiale de Cluny, la Maior Ecclesia : cent trente et un mètres de longueur, deux transepts, un chevet orné de cinq chapelles rayonnantes, la façade occidentale ornée de deux tours...
Parallèlement, Lewes crée de nouveaux prieurés en Angleterre. En 1264, le roi Henri III y trouve refuge après la bataille de Lewes et il y signe une charte (le « mise of Lewes ») qui pose les bases de la démocratie parlementaire du pays. Mais en 1537, le prieuré est victime de l’introduction de la religion d’Etat : il est presque entièrement détruit par Thomas Cromwell, en 1538. Le prieuré et ses vingt quatre moines (ils sont presque une centaine aux XIIe et XIIIe s.) sont alors à la tête d’un domaine de plus de vingt mille hectares de terres dans le Sussex (sans compter les propriétés dans le Norfolk et le Yorkshire), de dix neuf églises paroissiales dans le comté, de deux maisons pour les pauvres à Lewes. Cromwell met fin subitement à 460 ans d’une extraordinaire histoire florissante.
Juste de quoi se souvenir...
Le site de Lewes revint à Cromwell, qui fit construire à l’emplacement du logis du prieur une grosse maison. Cette demeure, la plus vaste de Lewes, est progressivement démolie après 1668... En 1845, la construction de la ligne ferroviaire Brighton-Lewes, qui passe à l’emplacement de l’église, du cloître et de la salle capitulaire, met à jour les deux cercueils de plomb des fondateurs, Guillaume et Gundrada.
Ils sont aujourd’hui conservés à côté du tombeau roman de Gandrada dans l’église Saint-Jean-le-Baptiste, qui était la maison d’hôte du prieur, au nord- ouest du monastère, avant de devenir église paroissiale. De cet immense prieuré restent ainsi des vestiges du XIIe s. du réfectoire des moines, de leur dortoir, de la chapelle et des latrines, les plus grandes d’Angleterre.